Sénégal : Les médecins spécialistes en grève organisent une marche

Depuis le 26 mai 2025, les médecins en spécialisation ont enclenché un mouvement de grève qui perturbe sensiblement les services hospitaliers. Après des semaines de revendications restées sans réponse concrète, les professionnels de santé concernés ont décidé d’intensifier la pression par une marche publique prévue ce 13 juin, entre l’Université Cheikh Anta Diop et la Place de l’Obélisque. Cette mobilisation intervient alors que les consultations se raréfient, les opérations sont reportées et les urgences ne sont plus systématiquement prises en charge dans les hôpitaux concernés.

Les griefs exprimés depuis plusieurs mois mettent en lumière une réalité méconnue du grand public : ces médecins, en pleine formation spécialisée, assument des responsabilités critiques sans bénéficier des protections élémentaires d’un salarié. L’irrégularité des bourses, l’absence de sécurité sociale, l’impossibilité pour les femmes de bénéficier d’un congé maternité structuré, et la faiblesse des rémunérations sont au cœur de leurs doléances. Leur situation précaire contraste avec le rôle crucial qu’ils jouent au quotidien dans le fonctionnement des structures hospitalières.

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Une concertation manquée, la colère renforcée

La semaine dernière, un espoir de sortie de crise avait émergé à la suite de la convocation d’une rencontre de médiation. Toutefois, l’absence simultanée du ministre de la Santé, du doyen de la Faculté de médecine et du représentant du ministère de l’Enseignement supérieur a été interprétée comme un désintérêt manifeste. Cette défection a provoqué un choc dans les rangs du Collectif des Médecins en Spécialisation (COMES), qui s’attendaient à un dialogue franc et à des engagements concrets. Pour nombre d’entre eux, cette dérobade institutionnelle est venue raviver un sentiment d’abandon, accentuant leur détermination à se faire entendre.

Dans les hôpitaux, les conséquences de cette mobilisation s’amplifient. Plusieurs services opèrent au ralenti, faute de personnel. Dans certaines zones comme Pikine, Kaolack ou Saint-Louis, les patients évoquent des délais inhabituellement longs pour accéder aux soins, quand d’autres choisissent de reporter leur venue, face à l’incertitude ambiante.

L’enjeu d’un système de santé plus juste

La marche annoncée est à la fois symbolique et stratégique. Elle vise à alerter l’opinion publique sur une injustice qui persiste au sein d’un secteur pourtant au cœur des préoccupations nationales. Alors que le gouvernement affiche régulièrement des ambitions pour un système de santé moderne et inclusif, la situation des médecins en spécialisation semble être le chaînon oublié de cette transformation.

La question posée aujourd’hui dépasse le simple cadre des revendications salariales. Elle interroge la manière dont la nation sénégalaise valorise et protège ceux qui se préparent à prendre la relève médicale dans un pays en pleine croissance démographique. L’absence d’un statut clair et d’une protection institutionnelle adaptée fragilise tout l’édifice hospitalier, et mine la vocation de centaines de jeunes professionnels déjà éprouvés par les exigences du métier.

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