Moustapha Diakhaté, ancien chef de cabinet du président Macky Sall, a été interpellé ce 10 juin 2025 et placé en garde à vue à la Division des Investigations Criminelles. Les faits reprochés portent sur des propos tenus à l’encontre du président de la République, du président de l’Assemblée nationale et du Premier ministre. Lors d’une sortie publique, Diakhaté a fustigé la posture des trois hommes marchant côte à côte, les qualifiant de « gougnafiers », estimant que ce comportement portait atteinte à la rigueur protocolaire attendue dans les hautes fonctions de l’État.
Ses propos, relayés sur les réseaux sociaux et dans plusieurs médias, ont été jugés offensants envers les institutions de la République. Le parquet a retenu l’infraction d’offense au chef de l’État, passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans d’emprisonnement selon le Code pénal sénégalais. La procédure a été enclenchée sans délai, illustrant la volonté des autorités de réagir face à ce qu’elles considèrent comme une dérive verbale.
Une défense fondée sur la liberté d’expression
Son avocat, Me El Hadj Diouf, dénonce une tentative de museler la parole critique. Selon lui, Moustapha Diakhaté n’a fait qu’exprimer une opinion sur la gestion de l’image de l’exécutif et les usages du protocole républicain. Il conteste également la procédure, arguant que son client n’a fait que soulever une interrogation sur le respect des formes dans les apparitions publiques des plus hautes autorités.
Dès son audition, l’ancien député a choisi de garder le silence, refusant de signer le procès-verbal. Cette attitude marque une posture assumée de défiance envers une procédure qu’il juge injustifiée. À ses yeux, le débat public doit rester un espace libre, même pour des propos durs, tant qu’ils ne s’accompagnent pas d’incitation à la haine ou à la violence.
Un débat relancé sur les limites de la parole publique
L’affaire relance le débat sur les contours de la liberté d’expression au Sénégal, notamment lorsque des figures politiques s’en prennent aux institutions. Certains observateurs s’inquiètent d’une utilisation abusive des lois contre l’offense au chef de l’État, qui pourrait réduire la marge de manœuvre des opposants et anciens dignitaires.
Au-delà du cas individuel, cette interpellation soulève une question de fond : dans quelle mesure peut-on critiquer la symbolique présidentielle sans encourir de poursuites ? Alors que la démocratie sénégalaise traverse une période de recomposition, cette affaire risque de peser lourd dans les discussions à venir sur les libertés publiques et la tolérance à la dissidence politique. Le déferrement de Moustapha Diakhaté devant le parquet, prévu ce 11 juin, sera suivi de près par les défenseurs des droits et les acteurs de la société civile.
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