Les révélations autour du terrain prévu pour abriter le futur palais de justice de Pikine‑Guédiawaye prennent une tournure judiciaire inédite. Selon les éléments réunis par la Commission d’instruction de la Haute Cour de justice, des anomalies graves ont été relevées dans le processus d’acquisition de cette parcelle, avec des soupçons convergents de détournement de fonds publics, de prise illégale d’intérêts et de blanchiment. Cette affaire touche désormais des figures centrales de l’ancienne administration, jetant une ombre sur la gestion foncière de la dernière décennie.
Parmi les mis en cause, figure Mame Boye Diao, ex-directeur national des Domaines. Ce dernier a été formellement inculpé et soumis au port du bracelet électronique selon plusieurs sources locales. Une mesure symbolique et pratique, qui illustre la volonté des juges d’assurer le suivi strict des personnalités concernées, sans pour autant recourir à une détention préventive immédiate. Son nom avait déjà circulé dans plusieurs rapports internes, mais c’est la première fois qu’une procédure formelle le vise aussi directement.
Un mandat lancé à l’international
Autre personnage clé : Mamadou Guèye, ancien directeur des Domaines sous le régime de Macky Sall. Un mandat d’amener a été délivré à son encontre, mais l’homme serait hors du territoire national, ce qui complique son audition. L’instruction pourrait ainsi ouvrir un volet international, avec d’éventuelles coopérations judiciaires en vue de son extradition ou de son audition sous d’autres juridictions.
D’après les informations disponibles, plusieurs autres agents en poste dans les bureaux du cadastre et des domaines à Guédiawaye seraient également concernés par l’enquête. Certains ont été entendus, d’autres sont dans le viseur des juges, et des documents auraient été saisis pour reconstituer les circuits financiers et décisionnels. Ces investigations révèlent une mécanique administrative apparemment huilée, mais entachée de nombreuses irrégularités.
Vers une nouvelle ère de reddition des comptes ?
L’onde de choc provoquée par ce dossier dépasse le strict cadre foncier. Pour nombre d’observateurs, cette affaire est l’un des premiers tests concrets de la capacité des nouvelles autorités judiciaires à affronter des pratiques anciennes et des réseaux de pouvoir encore actifs. Elle intervient à un moment où les attentes citoyennes en matière de transparence sont au plus haut, dans un contexte où la justice est appelée à jouer un rôle central dans la reconstruction de la confiance publique.
Les décisions futures de la Haute Cour seront donc scrutées avec attention. Au-delà des personnes mises en cause, c’est toute une méthode de gouvernance et de gestion des ressources publiques qui se retrouve sur la sellette. Une affaire à suivre de près, tant les ramifications pourraient toucher des sphères encore insoupçonnées.
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