Ces dernières années, le continent africain s’est imposé comme un espace stratégique dans les calculs diplomatiques des grandes puissances arabes. Des États du Golfe comme le Qatar, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite cherchent à y renforcer leur ancrage, en multipliant les partenariats économiques et les coopérations politiques. Cette dynamique s’explique autant par leur volonté d’élargir leur influence à l’international que par leurs besoins internes : diversification économique, sécurité alimentaire, investissements dans les infrastructures. Le continent africain offre à ces pays de nouvelles perspectives de croissance et des marges de manœuvre inédites dans un monde multipolaire. Riyad discrète mais stratégique, vient de faire une annonce de poids.
Une offensive économique et diplomatique d’ampleur
L’Arabie saoudite prévoit de consacrer pas moins de 25 milliards de dollars à son développement économique en Afrique, selon une déclaration du vice-ministre saoudien des Affaires étrangères, Waleed ElKhereiji. Ce montant devrait être injecté progressivement à travers différents volets, allant du commerce aux projets d’investissement, dans le but d’établir une présence saoudienne bien ancrée sur le continent. Cette initiative a été présentée à l’occasion de la Journée de l’Afrique organisée dans la capitale saoudienne.
Au cœur de ce plan figure un objectif clair : faire de l’Afrique un axe majeur de la stratégie extérieure du royaume. Pour appuyer cette orientation, Riyad prévoit de presque doubler le nombre de ses ambassades sur le continent, visant une quarantaine de représentations diplomatiques. Une telle extension de son réseau signifie une volonté assumée de renforcer sa capacité d’action directe dans les capitales africaines.
Du commerce à la coopération au développement
Sur le volet commercial, Riyad entend stimuler ses échanges avec les pays africains en soutenant des exportations d’une valeur de 10 milliards de dollars. Il ne s’agit pas simplement d’augmenter le volume des ventes, mais de bâtir un pont économique solide entre les deux régions, fondé sur la circulation de produits, de capitaux et de savoir-faire.
En parallèle, le royaume ambitionne de débloquer 5 milliards supplémentaires pour appuyer des projets de développement sur le continent. Ces fonds viseront à financer des infrastructures essentielles, à soutenir des programmes de modernisation et à encourager les partenariats publics-privés. L’idée est de s’articuler autour de dynamiques locales déjà existantes tout en apportant un appui financier structurant.
Un levier d’influence dans un continent très courtisé
Ce repositionnement stratégique intervient dans un contexte où l’Afrique suscite des convoitises croissantes. Chine, Inde, Turquie, Russie, Europe : les puissances rivalisent d’initiatives pour sécuriser leur place sur un continent en pleine transformation. En lançant ce programme ambitieux, Riyad cherche à s’imposer comme un partenaire stable, crédible et engagé, capable de proposer des alternatives concrètes aux modèles déjà en place.
La montée en puissance diplomatique du royaume, par l’ouverture de nouvelles ambassades, lui permettra de mieux comprendre les équilibres politiques locaux, de répondre plus efficacement aux besoins spécifiques des États partenaires, et d’accroître sa visibilité dans les instances régionales et continentales. Cette diplomatie active, adossée à des investissements ciblés, donne à Riyad les moyens d’exister durablement dans le jeu africain.
Avec ces annonces, l’Arabie saoudite ne se contente pas de multiplier les promesses : elle dessine les contours d’une présence structurée, fondée à la fois sur l’influence politique et l’empreinte économique. Un signal fort envoyé aux capitales africaines, mais aussi à tous ceux qui observent avec attention les nouvelles dynamiques de partenariat sur le continent.
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