Depuis les années 1970, l’Algérie s’est forgé une solide réputation de puissance énergétique, notamment grâce à ses vastes ressources en hydrocarbures et à une politique d’exportation volontariste. Dotée d’une position géographique stratégique aux portes de l’Europe, elle a construit des infrastructures clés pour le transport du gaz naturel, parmi lesquelles les gazoducs Medgaz et Transmed. Ces corridors énergétiques ont transformé le pays en un partenaire crucial pour de nombreuses nations européennes en quête de sécurité d’approvisionnement, à une période marquée par les bouleversements géopolitiques et la recherche de nouvelles alliances énergétiques.
Un fournisseur majeur par gazoduc, mais des défis sur le marché global
Le 4 juillet, la Commission européenne de l’énergie a publié des données révélant une avancée notable de l’Algérie sur le segment du gaz naturel acheminé par pipeline vers l’Europe. Durant le premier trimestre 2025, le pays a fourni près de 7,9 milliards de mètres cubes à travers ses gazoducs Medgaz et Transmed. Cette quantité représente désormais plus d’un cinquième (21 %) des importations européennes de gaz par gazoduc, marquant une progression par rapport aux trimestres précédents.
En revanche, lorsque l’on considère l’ensemble des sources de gaz qui alimentent l’Europe, incluant à la fois le gaz acheminé par pipeline et le gaz naturel liquéfié (GNL), la contribution de l’Algérie reste stable, à environ 13 %. Cette proportion la classe au quatrième rang des fournisseurs. Cette situation est liée en grande partie à l’essor du GNL, dont la souplesse de transport et la capacité à s’adapter rapidement aux besoins du marché séduisent de plus en plus les pays importateurs, intensifiant ainsi la concurrence.
Un levier d’influence sur l’échiquier euro-méditerranéen
Ce renforcement du poids algérien ne tient pas uniquement à une conjoncture favorable. Il découle aussi d’une diplomatie énergétique active et d’une capacité à adapter l’offre aux exigences d’un marché européen en transition. Alors que les pays du continent accélèrent le virage vers des énergies moins carbonées, le gaz naturel reste une solution intermédiaire indispensable pour accompagner cette transformation sans rupture brutale.
Pour Alger, ce positionnement lui confère une influence accrue dans les relations bilatérales et dans les négociations énergétiques à l’échelle régionale. En optimisant ses flux, en modernisant ses infrastructures et en répondant de manière constante à la demande, le pays se forge une image de fournisseur stable, dans un environnement où la confiance devient une denrée aussi précieuse que le gaz lui-même.
Loin de se reposer sur ses acquis, l’Algérie confirme sa capacité à évoluer avec les dynamiques du marché énergétique européen. En consolidant ses positions et en gagnant des parts là où d’autres reculent, elle montre qu’elle reste un acteur incontournable dans le jeu énergétique du continent. Dans les mois à venir, sa contribution pourrait peser davantage encore, à mesure que l’Europe cherche à concilier souveraineté énergétique, transition écologique et stabilité des approvisionnements.
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