Selon le rapport sur les Perspectives économique en Afrique de la Banque africaine de développement (BAD) rapporté par l’Agence Ecofin, le continent africain a six des 10 économies jugées à la croissance la plus rapide au monde. Le Bénin figure parmi ces six pays africains avec une croissance de 6,7% comme la Tanzanie (6,8%), le Ghana (7,1%), l’Ethiopie, la Côte d’Ivoire (7,4%) et le Rwanda (8,7%).
D’après l’Agence Ecofin, «les efforts de développement du pays des Mille collines sont manifestement payants, de même que ceux du Bénin». Et le taux de croissance du PIB global de l’Afrique est estimé à 3,4% pour 2019. Ce taux va monter à 3,9% en 2020, puis à 4,1% en 2021. Mais, voilà. Le politologue Richard Boni Ouorou émet des doutes sur ce classement du Bénin.
Les réserves Richard Boni Ouorou
«Je ne suis pas contre la croissance, mais il est important de se poser la question de ce qui permet dans le cadre du Bénin, d’avoir cette accélération de la croissance du Pib. Et la l’on se rappelle qu’elle est attribuée au miracle du coton. Sans vouloir me questionner sur qui contrôle le secteur ou pas, ma question concerne comment on arrive à un tel rendement pour le coton. De Combien de tonnes de produits chimiques a-t-on besoin pour une production aussi exceptionnelle? Il est clair que les produits chimiques qui participent à la production de nombre de ses cultures sont cancérigènes et le pire est que les populations qui les utilisent n’ont aucune formation dans le domaine. Alors si les produits chimiques sont à ce point important, ils produiront des effets contraires à ceux recherchés lors de la production.
Effet social et naturel à court, moyen et long terme
Court terme
1- sol infesté
2- lacs infestés
Moyen terme
1-sols improductifs
2- lacs improductifs
3- maladies de masse (parmi les cultivateurs actuels)
4- effet de déstabilisation sociale (enfants non scolarisés et sans formation du fait de la pauvreté et de la maladie de leurs parents)
5- exode rural: départ les villes pour aller chercher mieux ce qui n’est plus possible dans les villages.
Effet économique sur le long terme
– insécurité dans les villes du fait des départs en milieu rural
– déstabilisation du tissu social et fragilisation de l’économie.
– ralentissement de la croissance
– surendettement
Et le pire programme d’ajustement structurel.
Alors oui tout ça est effrayant et c’est là que les gens m’interpellent en me faisant remarquer que le regime Talon construit des routes dans le pays pour susciter le tourisme?
L’objectif est-il donc que le tourisme permette de développer le secteur des services qui va soutenir la croissance?
Et je leur réponds sans être pessimiste: qu’est-ce que le Bénin propose aujourd’hui en terme de tourisme pour que moi américain je refuse d’aller à cuba (Soleil et tourisme culturel) à Cancún( Soleil et tourisme culturel) ou qu’un français refuse d’aller en Espagne ( Soleil et tourisme culturel) au Maroc ( Soleil et tourisme culturel ) ?
Le Bénin a sacrifié toute sa culture au profit de cultures importées le dernier qui est le Vaudoun, alors qu’on pouvait dissocier le culturel du spirituel et rendre au Vaudoun une fière allure culturelle, on a importé et imposé des religions déjà vues ailleurs pour tuer ce qui peut nous rapporter des revenus. Résultat des courses, le Vaudoun ne donne que l’image d’un buveur de sang et est devenu irascibles.
Alors si par le tourisme on peut encore faire quelque chose, il ne nous reste que le tourisme de plaisance, c’est à dire la même chose que nous faisions en quittant Cotonou les week-ends pour Lomé et aller en boîte de nuit et autre ou à Abidjan pour les plus nantis. Mais pour développer ce tourisme de plaisance, il faut réformer le secteur du plaisir à Cotonou au moins, ce qui veut dire limiter notre conservatisme et permettre certaines pratiques.
En résumé, seul le secteur de la production agricole, ne peut soutenir sur le long terme la croissance, et rendre le pays prospère puisque ce secteur ne paie pas suffisamment d’impôts. Il faut développer d’autres secteurs des services à l’instar du port afin que de permettre à l’état de tirer des ressources importantes en impôts et autres.
*Il faut lire par secteur des services: le tertiaire marchand ou non»
Richard Boni Ouorou
Politologue
Répondre à Salutaire Annuler la réponse