Dans une tribune publiée sur sa page Facebook hier lundi 16 mars 2020, l’ancien ministre des sports Ganiou Soglo s’est prononcé sur la question des emprunts contractés par le gouvernement béninois depuis l’avènement de Patrice Talon en avril 2016.
Ganiou Soglo n’est pas contre le fait qu’un Etat aille contracter d’emprunts. Mais, il fait partie de ceux qui pensent que «la dette monétaire d’un pays doit aider à la croissance et ainsi à son développement ». C’est pourquoi, il est préoccupé par «le rythme accéléré des emprunts que notre pays contracte depuis l’avènement de la nouvelle équipe gouvernementale en 2016 ». L’ancien ministre de Boni Yayi fait remarquer que l’État y a recours systématiquement. Or «qui dit Emprunt suppose Remboursement ».
Alors, il se demande vers quel secteur de l’économie béninoise est dirigé le volume de cette dette en constante progression. A titre de comparaison, il rappelle que «les pays européens ont pu recouvrer leur dignité nationale grâce à des emprunts massifs au sortir de la deuxième guerre mondiale ».
Selon lui, ces emprunts ont pu accélérer «la reconstruction nationale, le redéploiement industriel et favoriser l’essor d’une politique agricole moderne ». Il précise que cette politique a conduit à ce qui a été appelé les trente glorieuses, une période caractérisée par une forte croissance économique et une hausse conséquente de la consommation des pays occidentaux et du Japon.
Les emprunts doivent servir à quoi ?
Pour Ganiou Soglo, le Bénin et les dirigeants doivent intégrer que «les emprunts sur les marchés financiers ne doivent pas servir à payer les salaires, les encours des dettes ou à financer l’asphaltage dans les quartiers les plus huppés de Cotonou ». Les emprunts sur les marchés financiers comme ceux dont le Bénin a bénéficié dernièrement doivent servir plutôt à «l’implantation voire l’amélioration de secteurs clés indispensables pour le développement économique d’un pays ». Il illustre ses propos de façon un peu triviale.
Il indique qu’aujourd’hui le quartier les cocotiers et environs sont transformés, les beaux quartiers de Cotonou sont encore plus attrayants. Mieux, les parcelles et maisons y ont pris de la valeur. C’est un plus pour les habitants de ces endroits. Mais qu’en est-il pour les autres béninois ? «Bénéficient-ils de ces améliorations ? », se demande le fils de l’ancien président de la République Nicéphore Soglo.
A contrario, il trouve plus judicieux le financement d’une desserte qui va permettre le désenclavement des zones de Toffo ou Zè afin que les productrices d’ananas puissent avoir accès aux marchés. Il trouve raisonnable le bitumage d’une route secondaire autour d’Akosombo à Cotonou «pour désengorger cette partie de la capitale qui est un calvaire aux heures de pointe ».
Mieux, il pense que ces multiples emprunts doivent servir à réduire les problèmes liés à l’énergie dans le pays. Pour lui, «si nous sommes dans une vision générale de développement, un investissement massif dans le secteur de l’énergie aurait été noté et donc les situations de délestage seraient oubliées ».
Des prêts non concessionnels
Pour rappel, Ganiou Soglo demande de ne pas oublier que la crise vécue par les pays africains dans les années 80 a été en partie due au non remboursement du service de la dette qui était attaché à des taux d’intérêt volatile et qui a vu s’envoler le volume global de la dette. Or, aujourd’hui, «les emprunts que nous faisons sur les marchés obligataires sont des prêts non concessionnels à moyen terme en devises fortes ». Et «leur remboursement dans quelques années sera au prix fort avec la remontée probable des taux d’intérêts ».
Alors, il nous faut anticiper «les chutes boursières et la baisse du cours du pétrole qui annoncent le début d’une récession économique, conséquence de la catastrophe sanitaire engendrée par la pandémie du virus Covid 19 ». Et donc, les dirigeants doivent éviter «des réflexes qui appartiennent et obéissent à d’autres époques ». «Aller sur les marchés financiers oui ! Emprunter plus de 80 milliards pourquoi pas ! Mais nous devons savoir à quelle fin », conclut Ganiou Soglo.
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