A part la version des avocats de l’opposant, personne ne connaît les raisons officielles de l’arrestation et de l’incarcération du professeur Frédéric Joël Aïvo et de ses coaccusés. L’opinion publique attend donc avec impatience la sortie du procureur spécial de la CRIET pour savoir les éléments qui fondent la mise en détention de l’opposant. Le professeur Frédéric Joël Aïvo est en prison depuis dix jours et à part peut-être le parquet spécial de la CRIET, personne ne connaît les raisons officielles de cette incarcération.
Pas même les avocats de la défense, à en croire Me Barnabé GBAGO qui répondait aux questions de RFI deux jours après la mise sous mandat de dépôt de leurs clients. « Nous ne savons pas encore dans quel sens évolueront les accusations portées contre notre client, surtout qu’entre le jour où il a été arrêté par la police et aujourd’hui, les chefs d’inculpation ont changé. », soulignait-il. En effet au soir de son arrestation spectaculaire le 15 avril 2021, les proches du professeur de droit constitutionnel avaient d’abord annoncé qu’il avait été arrêté pour appel à manifestations insurrectionnelles et complot contre l’autorité de l’État.
Un communiqué publié le samedi nuit sur la page Facebook de l’opposant et dont le contenu sera corroboré plus tard par les avocats, annonçait « la disparition de la charge d’appel à manifestations insurrectionnelles au profit d’une nouvelle charge, celle de blanchiment de capitaux: ». Une nouvelle charge qui ne serait fondée que sur un appui financier dérisoire qu’un opérateur économique ayant des retards de paiement d’impôts aurait apporté à l’initiateur du Dialogue Itinérant.
Depuis, aucun commentaire de la part du parquet spécial qui avait pourtant habitué l’opinion à ses points de presse express sur des dossiers aussi importants que celui-là. Ce silence inhabituel traduit-il l’inconfort du parquet face à un dossier que les avocats annoncent vide ? Des sources proches du dossier indiquent qu’avant de le déférer devant le procureur spécial, le commissaire de la Brigade Économique et Financière ne l’aurait confronté à aucun fait matériel ni à aucun témoin, et que durant leur interrogatoire, les deux personnes présentées comme des militaires auraient déclaré n’avoir jamais rencontré ni parlé avec l’opposant Joël Aïvo ou monsieur Alain Gnonlonfoun, son mandataire financier.
Vague d’indignations
Cette arrestation ainsi que celle de plusieurs autres personnalités de l’opposition, a soulevé une vague d’indignation aussi bien au Bénin qu’à l’international. Dès le lendemain de l’incarcération du professeur, le militant sélégalais Alioune Tine s’est désolé du « naufrage des institutions judiciaires béninoises« . Même réaction de la part des avocats béninois Sadikou Alao et Robert Dossou, sans oublier le secrétariat d’état américain qui a exprimé vendredi la préoccupation du gouvernement américain face à la vague d’arrestations qui frappe depuis les dirigeants politiques de l’opposition au Bénin, depuis le scrutin du 11 avril dernier. « Personne ne se retrouve à répondre aux préoccupations du procureur spécial de la CRIET s’il n’y a pas à tout le moins des soupçons évidents contre cette personne ; et les enquêtes se poursuivent », a rétorqué le directeur de la communication de la présidence de la république, Wilfried Léandre Houngbédji, ancien journaliste au quotidien d’état La NATION.
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