Pénurie d’eau en Europe : un pays arabe apporte son aide

Luis Tosta - Unsplash

Alors que l’Europe du Sud est régulièrement confrontée à des épisodes de sécheresse, les pays du Golfe, eux, ont depuis des décennies bâti leur savoir-faire autour de la gestion de la rareté de l’eau. Dans des environnements désertiques, des États comme les Émirats arabes unis ont investi massivement dans des technologies de dessalement et d’irrigation de précision. Cette expertise n’a cessé de se renforcer, avec un recours systématique aux innovations dans la réutilisation des eaux usées, le captage de l’humidité atmosphérique ou encore la production d’eau potable à partir de l’énergie solaire. Ces avancées technologiques, longtemps perçues comme des réponses locales à des contraintes environnementales sévères, commencent désormais à se diffuser hors de la région. Chypre, île méditerranéenne confrontée à une sécheresse persistante, en bénéficie aujourd’hui directement.

Une réponse concrète à la crise chypriote

Avec des réservoirs tombés à moins de 22 % de leur capacité, l’approche de la saison estivale place Chypre face à un dilemme pressant : comment subvenir à la hausse des besoins en eau induite par le tourisme tout en répondant aux besoins essentiels de sa population ? Malgré ses quatre usines de dessalement, le pays peine à stabiliser son approvisionnement. Le don récent de 13 unités mobiles de dessalement offert par les Émirats arabes unis intervient comme un levier temporaire mais efficace. Ces installations devraient générer environ 15 000 mètres cubes d’eau supplémentaires chaque jour, une bouffée d’oxygène pour un réseau hydraulique mis à rude épreuve.

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Cette initiative, formalisée à travers un accord de coopération entre Nicosie et Abou Dhabi, va au-delà du geste symbolique. Elle montre comment des solutions développées dans des zones arides peuvent être adaptées à d’autres territoires soumis à une pression hydrique croissante. En apportant ces équipements gratuitement, les Émirats arabes unis agissent aussi comme des partenaires techniques, partageant un savoir-faire dans un domaine devenu critique au niveau mondial.

L’enjeu de la conservation en parallèle des apports technologiques

Toutefois, comme l’a rappelé la ministre chypriote de l’Agriculture, Maria Panayiotou, le renforcement des capacités de dessalement ne peut se substituer à une politique rigoureuse de conservation. La lutte contre la pénurie d’eau passe aussi par des changements de comportement, une meilleure gestion des ressources agricoles, la modernisation des infrastructures urbaines et des campagnes de sensibilisation. La dépendance au dessalement, bien qu’indispensable à court terme, comporte ses propres limites, notamment en matière de coûts énergétiques et d’impact environnemental.

Ainsi, si le soutien des Émirats arabes unis apporte une réponse rapide à une urgence ponctuelle, il souligne également la nécessité d’une approche multidimensionnelle. L’expérience accumulée par les pays du Golfe pourrait d’ailleurs être mobilisée non seulement en matière de production, mais aussi dans la mise en place de systèmes intelligents de distribution et de récupération.

Un signal pour les coopérations futures

Le cas chypriote illustre une réalité de plus en plus fréquente : les régions tempérées ne sont plus à l’abri des tensions hydriques. Ce glissement oblige à repenser les logiques d’entraide, en intégrant des pays qui, longtemps marginalisés dans les débats européens, possèdent désormais des compétences stratégiques. L’intervention des Émirats arabes unis à Chypre agit comme un marqueur d’un nouvel équilibre dans les dynamiques de coopération. Elle interpelle également sur la nécessité pour les pays européens de diversifier leurs partenariats techniques, au-delà des cadres traditionnels.

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Alors que le climat devient plus imprévisible, les modèles de gestion élaborés sous contrainte deviennent des références. Et les échanges technologiques entre régions autrefois considérées comme périphériques pourraient bien se multiplier, au rythme des défis hydriques à venir.

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