Le Maroc et l’Algérie s’opposent depuis des décennies autour d’un point central : le statut du Sahara occidental. Rabat considère ce territoire comme faisant partie intégrante de son espace national, tandis qu’Alger soutient le Front Polisario, mouvement qui en réclame l’indépendance. Ce différend a façonné les relations entre les deux pays, nourrissant une rivalité persistante sur les plans diplomatique, militaire et symbolique. Chaque capitalisation d’un appui étranger ou chaque retrait d’un soutien au Polisario prend une importance particulière et le Maroc vient d’obtenir un développement notable sur la scène internationale.
Rabat relance ses liens avec Damas, le bureau du Polisario fermé
Le Royaume du Maroc a décidé de rétablir officiellement sa représentation diplomatique en Syrie en procédant à la réouverture de son ambassade à Damas. Cette initiative s’accompagne d’un changement significatif : la fin de la présence du mouvement sahraoui sur le sol syrien. Une équipe composée de responsables marocains et de hauts représentants syriens s’est rendue sur place afin de constater la fermeture effective du bureau lié au Polisario. Ce développement traduit un repositionnement clair de la part des autorités syriennes, qui ont réaffirmé leur respect des frontières reconnues du Maroc.
Par cette mesure, le pouvoir syrien prend ses distances avec les anciens liens qui permettaient aux représentants du mouvement sahraoui de maintenir une présence dans la capitale syrienne. Ce retrait constitue une rupture avec une époque durant laquelle certains pays de la région offraient un appui, même limité, aux activités de ce groupe. Désormais, Damas affiche une posture alignée sur le respect des institutions officielles marocaines.
Une position syrienne qui reflète un réalignement régional
Ce geste des autorités syriennes intervient dans un contexte où plusieurs États du Moyen-Orient revoient leurs alliances et réévaluent leurs engagements passés. Après des années de conflit interne et d’isolement, la Syrie cherche à rétablir des liens diplomatiques avec divers partenaires arabes et africains. Dans cette dynamique, les positions ambivalentes sont progressivement écartées au profit d’accords directs et d’engagements explicites.
Pour le Maroc, cette évolution constitue un levier stratégique : chaque soutien retiré au Polisario sur la scène internationale contribue à renforcer la légitimité de sa position. La décision syrienne vient ainsi s’ajouter à une série d’initiatives similaires observées dans d’autres pays, notamment en Afrique, où des États ont récemment modifié leur position en faveur de Rabat. Dans le cas de la Syrie, l’impact symbolique est renforcé par l’histoire des relations passées et le poids politique de ce pays dans le monde arabe.
Une diplomatie méthodique et persistante
Depuis plusieurs années, le Maroc mène une campagne diplomatique active pour réduire l’influence du mouvement sahraoui à l’étranger. Cette approche ne se limite pas aux forums multilatéraux ou aux grandes capitales : elle se manifeste également par des actions ciblées, sur des terrains moins visibles mais tout aussi stratégiques. L’évolution du dossier syrien illustre cette méthode, fondée sur une combinaison de réengagement bilatéral et de clarification des positions politiques.
La fermeture du bureau du Polisario à Damas n’est pas un événement isolé. Elle s’inscrit dans une série de recalibrages observés à mesure que les équilibres régionaux évoluent. Pour Rabat, chaque espace où la voix du mouvement sahraoui cesse de porter représente une avancée dans son effort de consolidation internationale. La scène moyen-orientale, longtemps marginale dans ce dossier, devient désormais un théâtre supplémentaire de cette confrontation indirecte entre le Maroc et l’Algérie.
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