Le poste-frontière de Diboli, à moins de deux kilomètres de Kidira, principal point de passage entre le Sénégal et le Mali, a été la cible d’une attaque de grande ampleur dans la nuit du 1er juillet. Cette offensive, revendiquée par le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), a relancé l’inquiétude croissante des professionnels du transport routier sénégalais.
Le lieu visé n’est pas anodin : il s’agit d’un nœud névralgique du commerce régional, par lequel transitent une large partie des marchandises à destination du Mali, du Burkina Faso et du Niger. En frappant à cet endroit précis, les groupes djihadistes ne s’attaquent pas uniquement à un poste militaire, mais désorganisent aussi toute une chaîne logistique sur laquelle repose une grande partie du tissu économique ouest-africain.
Une alerte sans précédent des transporteurs sénégalais
Face à la montée des risques, l’Union des transporteurs routiers du Sénégal, par la voix de son secrétaire général Gora Khouma, a lancé un appel clair aux chauffeurs : suspendre temporairement les trajets vers le Mali. Cette mise en garde, relayée sur les ondes de la RFM, marque une rupture avec la ligne de résilience habituellement adoptée par le secteur, qui a souvent fait preuve d’adaptabilité face aux crises. Gora Khouma ne cache pas sa préoccupation : pour lui, les événements récents ne peuvent être minimisés, car ils annoncent une dégradation sécuritaire inédite dans une zone pourtant habituée aux tensions. En l’absence de garanties de protection, maintenir les flux logistiques reviendrait à exposer les chauffeurs à des périls incontrôlables. Il suggère ainsi une pause dans les activités jusqu’à nouvel ordre, espérant une stabilisation rapide de la situation.
Une économie sous tension à la croisée des routes
Le Sénégal, en tant que pays de transit pour plusieurs États enclavés, dépend en grande partie de la fluidité du corridor Dakar-Bamako. Un blocage prolongé sur cette route stratégique aurait des répercussions immédiates sur les ports, les entrepôts, et l’activité de milliers de petits commerçants. Si le Mali voit ses circuits de ravitaillement ralentis, c’est aussi l’économie sénégalaise qui en pâtit, du simple manutentionnaire au grand exportateur. Cette interdépendance structurelle oblige Dakar à suivre de très près l’évolution sécuritaire dans le centre et le sud du Mali. En attendant, c’est un pan entier de l’activité économique sous-régionale qui est suspendu, dans un climat où la prudence l’emporte désormais sur la rentabilité.
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