Après plusieurs mois de retard, le projet ambitieux du barrage hydroélectrique de Sambangalou a franchi une étape décisive avec la réception, ce vendredi 4 juillet, du matériel nécessaire au lancement des travaux. Situé sur la frontière entre le Sénégal et la Guinée, ce projet devrait non seulement transformer le paysage énergétique de la région, mais aussi stimuler l’agriculture et l’approvisionnement en eau pour plusieurs pays voisins. À l’horizon, ce projet vise une collaboration régionale fructueuse, avec des retombées économiques et environnementales significatives.
Une impulsion régionale pour l’énergie et l’agriculture
Le barrage de Sambangalou, prévu à environ 25 km au sud de Kédougou, est au cœur du Projet Énergie de l’Organisation pour la Mise en Valeur du fleuve Gambie (OMVG), une initiative impliquant quatre pays : le Sénégal, la Guinée, la Gambie et la Guinée-Bissau. Ce projet de grande envergure devrait, une fois achevé, disposer d’une puissance installée de 128 MW. Ce chiffre, relativement modeste en comparaison des grandes infrastructures mondiales, est crucial pour les pays participants, qui font face à des défis constants en matière d’approvisionnement énergétique.
Avec une production estimée de 394 GWh par an, le barrage permettra de répondre aux besoins croissants en électricité des quatre nations, dont une grande partie des régions rurales. Mais l’impact du barrage ne se limite pas à l’énergie. En plus de l’hydroélectricité, il promet de vastes répercussions sur l’agriculture : une irrigation couvrant 90 000 hectares de terres agricoles, réparties principalement entre la Gambie (50 000 ha) et le Sénégal (40 000 ha), pourrait transformer les conditions de culture et améliorer la sécurité alimentaire pour des millions de personnes.
Un chantier aux retombées socio-économiques
Au-delà des bénéfices environnementaux et agricoles, le chantier du barrage de Sambangalou représente un véritable levier pour l’économie locale. Les travaux devraient créer jusqu’à 1 200 emplois directs, favorisant le recrutement local et la formation des compétences dans des secteurs techniques et spécialisés. Cette main-d’œuvre locale sera essentielle pour l’achèvement du projet, qui pourrait durer environ quatre ans. Cette durée est importante à noter, car elle marque un retard considérable par rapport aux prévisions initiales, mais elle peut également être vue comme une opportunité pour renforcer les capacités nationales dans la gestion des grands projets d’infrastructure.
La création de ces emplois devrait également avoir des effets multiplicateurs, en alimentant d’autres secteurs comme la logistique, les services, et même le commerce local, particulièrement dans les zones rurales proches du chantier. Cela représente une véritable occasion de développement pour des régions souvent négligées dans les dynamiques économiques nationales.
Des enjeux environnementaux et sociaux majeurs
En termes d’impact environnemental, le barrage de Sambangalou présente des avantages considérables. Il permettra notamment de réguler le débit du fleuve Gambie, réduisant ainsi les risques liés aux crues saisonnières et minimisant la pénétration d’eau salée sur près de 100 kilomètres en amont. Ces ajustements climatiques devraient permettre de préserver des terres agricoles et de soutenir les écosystèmes locaux.
De plus, un réservoir d’une capacité de 3,8 milliards de m³ sera créé, s’étendant sur 181 à 188 km², ce qui permettra une gestion plus efficace des ressources en eau pour l’irrigation et l’alimentation en eau potable des populations locales. Ce stockage d’eau pourrait aussi avoir des effets positifs en période de sécheresse, en garantissant une meilleure gestion des ressources hydriques, essentielles pour les quatre pays impliqués.
Si les obstacles administratifs et les retards de démarrage ont freiné la progression de ce projet, l’engagement visible des parties prenantes, et les retombées concrètes qu’il promet, laissent entrevoir un avenir plus lumineux pour les populations des quatre pays concernés. L’achèvement de ce projet sera sans doute un moment clé de l’histoire de l’intégration énergétique ouest-africaine.
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