L’onde de choc du rejet de la révision de la constitution a été la mise sur pieds brutale, forcée et prématurée, d’une majorité présidentielle informelle.
Le Chef de l’Etat qui manœuvre dans l’ombre, a opté pour la fidélisation des 60 députés qui ont été favorables à sa réforme majeure. Mais une telle option politique n’est ni viable, ni saine, au regard des enjeux, des personnalités, et de certaines contingences qui pourraient influencer négativement les court des choses.
L’Assemblée nationale traverse depuis quelques jours une petite zone de turbulence. La plupart des groupes parlementaires constitués en début de quinquennat se disloquent, du fait du départ de certains députés qui ne se retrouvent plus idéologiquement dans leurs groupes. De nouveaux groupes parlementaires seront constitués après quelques jours de transhumance. Depuis le 04 avril dernier où l’Assemblée nationale a rejeté le projet de révision de la constitution, le paysage politique béninois s’est éclairci. Le Chef de l’Etat qui n’a pas digéré l’échec de son projet, s’est aussitôt engagé à bâtir « sa » majorité autour des 60 députés qui ont voté « oui », pour une étude du projet de révision. Les 22 autres qui ont voté contre, sont eux condamnés à rester dans l’opposition. Un an seulement après sa prise de pouvoir, Patrice Talon se sent obligé d’arrêter une majorité présidentielle sur la seule base du rejet ou du soutien à son projet de révision. Constituée sur ce seul critère, elle paraît peu viable et politiquement malsaine. Beaucoup des 60 députés ne n’ont pas soutenu l’actuel PR lors des présidentielles de 2016. Ils ne partagent donc pas les idéaux politiques qu’il prône. Dans le lot des 60, des députés sont pour la révision mais prêts à combattre Talon sur d’autres plans. Il y en a aussi qui auraient voté « non » au même projet si le processus était allé à son terme. De même, des 22 restants, il y en qui ont soutenu Patrice Talon pour les présidentielles, et d’autres qui pourraient juste le soutenir pour les autres projets important de son quinquennat. Une telle constitution de majorité apparaît donc comme quelque chose d’informelle, où les membres sont unis non par une idéologie ou une acceptation volontaire de soutien au Pag, ou tout au moins les actions du gouvernement, mais par la seule reconnaissance d’avoir voté pour l’étude du projet de révision de la constitution. L’homme politique béninois étant caractérisé par sa vocation à agir uniquement pour des intérêts égoïstes et temporels, cette majorité ne serait viable que si elle permet aux bénéficiaires de régler substantiellement leurs problèmes. Talon condamne par son choix, les 22 députés à une opposition de fait, contre leur propre gré. Cette constitution de majorité présidentielle est une option prématurée, risquée et politiquement indécente ; rien de plus !
Prime à la corruption
Mais à l’analyse, l’arrêt aussi brutal d’une majorité sur la base du seul vote favorable à la révision de la constitution, est motivé par bien d’autres paramètres. Il y a une volonté suspecte de disposer d’une majorité mécanique aveugle, qui votera les yeux fermés pour tout ce que le gouvernement enverrait, et qui s’est déjà illustrée en votant toutes ces lois que la Cour constitutionnelle a déclarées contraire à la constitution. Depuis avril 2016, il y a une volonté de faire des réformes sans trop d’explication, d’imposer des choses sur lesquelles il n’y a eu aucun accord préalable. Il y a également une